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La " Forêt domaniale " - n°2 - Auteur : Marcel JACAMON, professeur de l’E.N. du Génie Rurale, des Eaux et des Forêts de Nancy.
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Extrait :
" Fin avril dernier, j'avais reçu un coup de téléphone de Mr Richard, technicien de l'ONF à Vitteaux, qui a dans ses attributions la forêt de Flavigny. Si j'ai bien compris, il souhaitait certains renseignements destinés à une petite brochure décrivant les sites sur l'itinéraire de randonnée pédestre Bibracte - Alésia qui passe par Flavigny.

J'ai donc rédigé ce que je peux savoir, d'une part sur les aspects historiques ( … et je ne vais pas loin dans ce domaine), d'autre part sur les aspects botaniques du massif forestier de Flavigny. (Voir Forêt domaniale n°3)

Je ne peux pas mieux faire que de vous joindre copies de ces deux notes … mais il ne m'est pas possible d'en dire plus. Je ne pense pas d'ailleurs qu'il faille développer davantage le côté botanique.

J'ai peut être trop insisté sur l'énumération de petites plantes, laissant de côté le point de vue sylviculture et traitement de la forêt (mais ce doit être hors du sujet pour la petite brochure en question) du fait que Mr Richard le connaît. On peut dire en effet et c'est important que la forêt de Flavigny est essentiellement :
  • 1) Une Hêtraie chaude (thermophile) à Buis, une des plus au Nord connue en France, dans sa moitié Nord - sur un sol calcaire assez superficiel recouvert d'une faible couche d'argile venant de la décomposition de ce calcaire. Du fait du traitement ancien en taillis sous futaie (et même peut être en taillis) le chêne rouvre y a pris une place souvent dominante par rapport au hêtre qui est cependant l'essence la plus naturelle. L'abondance de charme est liée également à ce traitement en taillis sous futaie et à l'argile.
    Bon nombre d'espèces ligneuses secondaires s'y ajoutent : Tilleul, Erable champêtre, Alisier blanc, Alisier torminal sans parler de pas mal d'arbrisseaux liés aux même conditions : calcaire, argile superficielle, coupes autrefois fréquentes.
    Assez faible production, tant de chêne que de hêtre. D'où suivant la mode des années 1945 - 1960 des plantations d'Epicéa faites dans la fin des années 60 dans les deux parcelles à gauche en entrant en forêt au nord. Epicéa qui a probablement été critiqué du point de vue écologique, mais qui a surpris par la rapidité de sa croissance. L'ONF fait, depuis quelques années, tout ce qu'il faut pour que les feuillus - le Hêtre en particulier - s'y réinstalle pour composer par la suite un intéressant peuplement mélangé.

  • 2) Une Hêtraie beaucoup plus pure et plus vigoureuse dans la partie sud (après le vallon - ancien terrain de garde). L’ancien taillis sous futaie n’a pas dans cette zone, laissé une place aussi importante au Chêne et le Hêtre y a gardé la première place, se régénérant bien et poussant vite. Mais là aussi aussi : la mode des résineux des années 50-60, a introduit des plantations de sapin. Pour l’essentiel, il ne s’agit pas de sapin pectiné du Jura, des Vosges, des Alpes, etc., mais du Sapin de Nord Mann, originaire de l’est de la Mer Noire (Caucase, Géorgie, N.E. de la Turquie). Il convient mieux aux basses altitudes que le sapin classique et donne un bois de bonne qualité. Les parcelles du sud de la forêt de Flavigny sont un exemple intéressant de l’utilisation de cette essence. Mais là aussi, on ne souhaite pas du résineux pur et on tend vers du mélange harmonieux Hêtre - Sapin. Le Sapin pourra être d’ailleurs exploité plutôt que le Hêtre.

  • 3) Quant à la zone Est, sous les abrupts rocheux, on peut la classer dans la catégorie des forêts pseudo-montagnardes (humidité, ombre, sol profond en bas des pentes), caractérisé par le Tilleul à grandes feuilles, l’Orme de montagne, le Frêne, l’Erable sycomore.
    Sur le plan de la syviculture proprement dite, la forêt a été traitée longtemps (jusqu’au milieu du XX° siècle) en taillis sous futaie fournissant quelques grosses grumes pour le sciage et beaucoup de moyens et petits bois pour le chauffage (artisans locaux d’une part + chauffage des foyers ruraux d’autre part). Inconvénient cultural : coupes fréquentes et totales du taillis - tous les 25 ans ou 30 ans - mettant le sol à nu - l’exposant à l’ardeur du soleil et à la violence des pluies - diminution des micro-organismes et forte exportation avec les petits bois de précieuses matières minérales - donc appauvrissement.
    • * Alors, à partir des années 30-40 (je ne sais pas exactement pour Flavigny, n’ayant aucun document) changement du mode de sylviculture. On passe au régime de la futaie régulière : il n’y a plus de coupes totales qu’à la fin de la vie normale (120 à 140 ans pour le Hêtre) - le taillis disparaît progressivement - on fait encore des passages fréquents de coupe (8 à 10 ans) mais légers, uniquement pour enlever les tiges défectueuses et dépresser le peuplement (coupes d’éclaircies et d’amélioration). Puis pendant les 15 à 20 dernières années du peuplement - coupes de régénération - ensemencement naturel - exploitation de gros bois d’œuvre de valeur.
      C’est la conversion du taillis sous futaie en futaie; maintenant classique dans presque toutes les forêts de feuillus du N.E. :
      • - domaniales : oui
      • - communales : à rythme plus lent car les communes souhaitent souvent encore du bois de chauffage.
      • - particulières : plus rarement car cela exige une capitalisation du bois sur pied pendant plusieurs décennies.

Voilà - je pense - ce que je peux ajouter à mes deux notes envoyées à Mr Richard. ( Voir Forêt domaniale n°3). Mais sur le plan “histoire plus ancienne" que le XIX ° siècle, je suis bien démuni. Un point me semble intéressant à élucider. Mr Richard m’a indiqué que Mr Renardet lui aurait dit (ou penserait) que la forêt a appartenu à la commune à un moment donné ! ! ? ? Et même, vous dîtes dans votre lettre que lors de la vente des biens nationaux, la commune n’en a pas voulu. Mais avait-elle les moyens de l’acheter, c’est peu probable. De tout de façon ces deux points de vue m’étonnent ! !

Voir ce que je dis sur “ le cantonnement des droits d’usage ” dans ma note remise à Mr Richard. Que les habitants aient eu des “ droits au bois ” sur la forêt des Bénédictins, c’est fort possible. C’était même habituel (attribution d’un volume déterminé chaque année en grumes et en stères … ou encore pâturages en forêt).
En général, lors de la domanialisation, la suppression de ces droits (début et jusqu'à la moitié du XIX°siècle) a été compensée par l'attribution à la commune en pleine propriété d'une certaine superficie de la forêt qui devenait alors sa "forêt communale". Curieux alors que Flavigny ait refusé cette solution.

Les Archives fourniraient-elles la réponse ?

  • - Voir déjà à la commune ? Mais transfert probable aux Archives départementales.
  • - Je doute que quelque chose existe à l'Office National des Forêts (trop de changement dans l'administration forestière). Voir cependant s'il y serait fait allusion dans les premiers "aménagements" (= règlements d'exploitation de la forêt).
    Sans remonter très loin, il y eut un aménagement fait par Mr Lespine, inspecteur à Dijon-ouest, vers les années 1950-60. On devrait pouvoir le retrouver à l'ONF à Dijon. Je l'ai signalé à Mr Richard. Mais 1950, c'est encore bien récent. Plus logiquement, c'est encore aux Archives Départementales qu'il pourrait exister quelque chose.
    • * sur la confiscation des biens de l'Abbaye et leur destination (voir peut être aussi à la bibliothèque municipale d'Autun)
    • * sur une éventuelle proposition de "cantonnement de ses droits d'usage" à la commune qui aurait refusée.

Voilà la contribution que je peux apporter à ces intéressantes questions......" .......Villers les Nancy, le 14.06.97

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